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Brève #1 - le digital et le street art

Les artistes urbains, plus que tout autre catégorie d’artistes, placent au centre de leur pratique artistique la notion d’expérimentation. Se débrouiller pour atteindre tel endroit haut perché, développer telle encre qui ne s’efface pas, bidouiller tels objets pour en faire des marqueurs, adapter sa technique pour peindre sur toutes les surfaces qu’offre la rue, tel est le quotidien de l’artiste qui peint la rue.


Ce n’était qu’une question de temps avant que les artistes urbains ne s’intéressent aux nouvelles technologies. Trois exemples viennent à l’esprit.


Le premier, PBoy (Pascal Boyart pour son facteur), est pionnier dans l’utilisation des QR codes, qu’il colle aux côtés de ses œuvres pour permettre aux passants de les scanner et de faire un don en monnaie virtuelle (bitcoin). Il est également à l’origine du concept de “Fresques Murales Tokenisées”. Un individu peut devenir, grâce à ce procédé sécurisé par une blockchain Ethereum, le propriétaire unique d’une partie d’œuvre digitale. Chaque partie de l’œuvre est unique, non reproductible et issue d’œuvres originales signées par l’artiste.


Fresque par anticipation : Pboy, Liberté guidant le peuple



INSA, un artiste anglais, est quant à lui l’inventeur du “gif-iti”. À l’origine artiste graffiti comme tout le monde, INSA a décidé d’allier le travail dans la rue avec le monde virtuel. Là où les autres artistes achèvent leur travail après avoir réalisé une fresque, INSA prend une photo et recouvre sa propre fresque en la modifiant légèrement. Puis il prend une photo. Il répète le processus autant qu’il en a besoin pour réaliser, en assemblant toutes les photos, un “gif” - une image animée de sa fresque, uniquement visible dans son intégralité avec un écran et une connexion internet.


Attention les yeux : INSA, Make Your Own Way


Enfin, l’artiste espagnol El Pez a proposé en 2018 une œuvre en Réalité Augmentée intitulée “Street Party”. En positionnant l’œuvre devant l’objectif de son téléphone portable, on peut voir s’animer les joyeux personnages sur son écran.



Ces nouvelles techniques repoussent les frontières de la technique artistique et ouvrent de nouvelles voies à la créativité des artistes. Au-delà des prouesses technologiques et de l’émerveillement provoqué par la nouveauté, c’est la question du rapport à son public et à la façon d’interagir avec lui qui est posée.


Déplacer le lieu de l’œuvre vers un écran et reporter le moment où on l’apprécie à un “plus tard” change à mon sens la façon dont on rencontre l’œuvre. À un lieu inattendu se substitue un rectangle familier et pixellisé ; l’esprit curieux, surpris le temps de saisir l’objet de son émotion, se mue en une paire d’yeux hypnotisés cherchant à percer le mystère mécanique de ce qu’ils scrutent.


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