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Jean-Charles Romero

Discussion avec Jean-Charles Romero, qui réalise des collages urbains depuis 15 ans, et qui n'a décidé d'en parer les murs de nos villes que récemment.


Visitez sa page Instagram et son site internet !

(c) Jean-Charles Romero

Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Attiré par l'art assez jeune, mon intérêt à commencer par la photo, puis le graphisme, je suis d'ailleurs devenu graphiste avant de me frotter à l'art contemporain.


J'ai commencé à faire des collages urbains sur toile depuis 2004 et à coller dans la rue en 2020.


J'ai commencé par la peinture sur carton marouflé, le dessin sur papier froissé, le collage sur toile. Depuis quelques années, mon travail a évolué de façon significative en investissant un champ novateur : le numérique. Puis le collage de rue.


En un mot, je fais de l'art contemporain urbain avec une spécificité digitale.

Sur toile, je fais de la technique mixte. Je maroufle des affiches publicitaires lacérées sur la toile et j'y intègre ensuite la création numérique par la technique du transfert à l'aide de médium acrylique et je termine avec de la peinture acrylique. Pour les tirages d'art, il s’agit de prints "giclée" en tirages limités, numérotés et signés.


Comment se passe ton travail de création sur l'ordinateur ?

Je travaille les formes, les fonds et les images, les fusionnent entre elles jusqu'à ce que se révèle un semblant d'image ou de matière assez inconfortable que j'exploite pour essayer d'opérer une synthèse entre peinture, collage, volume, sculpture, éléments graphiques et dessin.


Je ne recherche pas forcément à faire du “beau”, mais plutôt des choses qui ressemblent à la vie, avec un aspect un peu “sale”, rock.

L'hybridation est la règle. Le « collage digital » permet de mélanger différents genres artistiques et ainsi tenter d’explorer de nouvelles interprétations du monde.



(c) Jean-Charles Romero


Tu cherches à transmettre des messages ou ta recherche est purement esthétique ?

Je travaille sans crobard ni dessins préparatoires, free total en quelque sorte. Eugène Delacroix a dit "Le premier mérite d'un tableau est d'être une fête pour l'œil", l'émotion prime sur la compréhension à mes yeux.

Sur le fond je travaille sur la notion du temps qui passe, l'altération, le périssable institutionnalisé. Le changement amplifié par l'apport de la révolution technologique, l'accélération effrénée et démente de notre époque.


Comment t’est venue cette envie ou ce besoin de montrer tes œuvres dans la rue ?

Je faisais de l'urbain sans vraiment en avoir conscience. Une œuvre urbaine mise en scène à l'extérieur a son impact amplifié. La force de frappe d'un propos urbain plongé dans son environnement, c'est comme une sorte d'installation. Sa dimension poétique et donc politique est à sa place.


Ensuite l'outil numérique et les perspectives visuelles inédites qu'il promet ne sont pas encore vraiment représentés dans la rue.


Et puis la rue a une telle caisse de résonance !


Comment tu choisis les endroits pour tes collages ?

Des évidences s'imposent : les angles de rue, les spots stratégiques du street art et puis, au mieux, la composition du mur déjà en place, plus il est altéré, mieux c'est. Enfin, là c'est l'idéal.


Tu acceptes facilement le côté éphémère de ton travail dans la rue ?

Oui, la création dans la rue appartient à tous et restera éphémère, elle interpelle le passant pour qu'il sorte de son quotidien pour réfléchir, s'émouvoir, sourire ou rêver, ne serait-ce qu'un instant. Quel cadeau pour l'expression, l'éphémère est le prix à payer.



(c) Jean-Charles Romero


Le côté illégal t’attire en particulier ?

Je retrouve les sensations de la photo de concert que je faisais tout jeune, à l'époque où il n'y avait pas de smartphone et que les prises de vue étaient prohibées. Le boîtier et l'objectif planqués sous mon pantalon dans des chaussettes de foot... (rires) Et puis ça colle parfaitement avec l'esprit des cultures urbaines, notamment le post punk dont j'ai grandi imprégné.


Quant à l'illégal, il l'est de façon officielle et beaucoup moins qu'hier, le collage est toléré, rien à voir avec le graff. D'ailleurs certaines villes ont parfaitement compris l'attrait touristique du street art.


Quel est ton rapport avec le public dans la rue ?

Jusqu'à présent ça se passe bien, au pire de l'indifférence, au mieux du soutien et de l'encouragement.


Quelles réactions cherches-tu à provoquer chez ton public ?

Une bonne claque visuelle, que certains d'entre eux décollent du plancher des vaches et se disent "Waouh" !


Tu te considères comme un artiste engagé ?

Indirectement oui, je suis pour la tolérance et le vivre ensemble. Je suis un enfant de l'esprit mai 68. Face à la montée du réactionnaire et du repli sur soi, la lutte est engagée.


(c) Jean-Charles Romero


Jean-Charles Romero à la loupe

Ta définition du street art ?

Le street art est le fruit de la pop culture présente depuis le milieu du siècle dernier. Le "do it yourself" amorcé dans la culture au sens large, sa démocratisation. Une manière de dire "Tout ça n'est plus une affaire de spécialistes".


De mon point de vue ce n’est rien moins que l’appropriation de l’art, dans son ensemble par le peuple. D’ailleurs à y regarder de près, l’urbain est devenu pluriel dans ses propositions, et digère de plus en plus toutes les tendances formelles de l’histoire de l’art. Ce rouleau compresseur est pour l’instant le plus durable de tous les courants artistiques, il est présent depuis 40 ans.


Présent aux 4 coins de la planète, c'est inédit aussi, bref l’histoire n’est pas prête de s’arrêter. La mondialisation de l’art en quelque sorte... Du moins le paradoxe de l'un de ses bons côtés.


L'œuvre dont tu es le plus fier ?

Elle est assez floue, quelque part au fond de ma tête, insaisissable, elle reste à venir !


Le meilleur moment de la journée pour créer ?

L'ordinateur est dispo, rien à mettre en place, donc à tout moment.

Quant au collage, le matin au lever du jour. On n'est d'ailleurs jamais à l'abri d'une belle rencontre, à l'occasion de l'un de mes collages, aux Escaliers Notre-Dame-du-Mont au Cours Julien à Marseille, une femme à sa fenêtre m'interpelle et me dit que ce que je fais est beau... Le temps d'un instant mon corps frissonne de plaisir, je suis "hors sol", rien que pour ça...



(c) Jean-Charles Romero


L’artiste vivant qui t’inspire le plus ?

Mes inspirations sont multiples et diverses, morts et vivants d'ailleurs, du Caravage à Paul Rebeyrolle par exemple, en ce qui concerne l'urbain j'aime beaucoup Vhils, Bordalo II, Os Gêmeos et les français Blek Le rat, Maye, Levalet, Stom500.


Quels sont tes projets pour les prochains mois ?

Continuer à créer, coller et exposer. J'espère pouvoir faire plus grand à l'avenir : des collages sur murs entiers et pouvoir participer à des festivals pour commencer à avoir un début de visibilité à l'international.


Tu as une ambition particulière à terme ?

Faire connaître mon travail au plus grand nombre et je suis particulièrement déterminé.


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