Da.Collages

Entretien avec une artiste qui, comme son nom l'indique, s'est fait une spécialité des collages, pour redonner vie et couleurs à des images issues de l'univers des années 50-60.

Tu peux te présenter en quelques mots ?

Je suis artiste collagiste, une activité que je pratique depuis 7 ans. J’ai toujours voulu travailler de mes mains, pour créer de belles choses et raconter des histoires. Après une formation en dorure sur bois, j’ai exploré diverses pratiques artistiques. Puis un jour, j’ai rencontré cet art du collage, qui est assez mal considéré, mais qui est un art à part entière, proche de ce font les affichistes.

Comment expliques-tu ce coup de foudre pour le collage ?

J’ai toujours voulu travailler dans l’artisanat. Je trouve que le collage est une forme d’expression artistique qui s’en rapproche beaucoup : il faut être délicat, minutieux, ... on ne dirait pas comme ça, mais lorsque je me mets à ma table de travail, je suis extrêmement méticuleuse ! C’est essentiel dans mon travail d’être très attentive aux détails. Cette façon de faire me met dans un état presque méditatif où le temps s’écoule si vite ... c’est un vrai “yoga créatif” !

J’aime aussi que le collage permette de créer en transformant. Je découpe des images, qui sont donc sorties de leur contexte, et je les assemble pour créer de nouvelles histoires. 

Tu prends des images des années 50 pour en faire de nouvelles histoires, la notion de transmission a-t-elle également un rôle pour toi ?

Oui, transmettre est aussi une part importante de ma vie. J’anime des ateliers autour du collage avec des enfants et des personnes en situation de handicap. Ces ateliers me permettent de transmettre ma passion et de sortir de ma zone de confort, ça oblige à voir plus loin que le bout de son nez ! A travers ces rencontres, j’ai l’impression de m’enrichir de toutes les expériences des gens que je rencontre, ce sont à chaque fois des échanges humains tellement beaux ! Finalement, à travers mon art et ces ateliers, je reçois au centuple ce que je peux donner ... c’est en ce sens que la notion de transmission est importante pour moi, mais sinon j’essaie surtout de créer des images légères et joyeuses.

Parle-nous donc de ton process créatif.

Tout part de l’image. J’utilise de vieux magazines, de préférence des années 50-60, dont j’aime le design et les couleurs. On reconnait tout de suite le grain de ces années-là, c’est ça que je trouve sympa. 

Une fois que j’ai l’image, je vais chercher dans mes papiers colorés les formes que j’ai envie d’ajouter. Là aussi, avec le temps, j’ai amassé une quantité impressionnante de formes et de couleurs différentes.

Je me laisse beaucoup guider par l’instinct, j’essaie des associations entre les formes, jusqu’à ce que ça me plaise. En fait, l’idée, c’est que je n’ai pas d’idée au démarrage. Il n’y a donc pas de durée moyenne pour une création. Autant ça peut aller très vite si ça me brûle les doigts, autant ça peut prendre plusieurs jours. C’est très variable. A chaque trait de scalpel dans le papier, l’histoire se met en place petit à petit. Parfois ça fonctionne bien, parfois non, c’est le jeu !

Avec le temps, mon oeil devient aussi de plus en plus exigeant et je parviens à avoir une idée plus précise de ce que je voudrais faire. Le problème, c’est que je n’ai pas toujours les bonnes pièces pour réaliser l'œuvre sur le moment alors je peux déroger à ma règle de la récupération et acheter du matériel spécifique.

Depuis quelques temps, je me suis également mise à la création digitale, même si ce n’est pas la même chose, que le rendu est différent et qu’il faut apprendre à utiliser un nouvel outil.

Quelles sont tes sources d’inspiration ?

J’ai un stock de vieux magazines pas possible, qui me prend énormément de place ! C’est là que je pars fouiller des images qui me plaisent. Ce que je recherche avant tout, c’est une attitude, une posture intéressante. Je n’ai pas de préférence particulière pour un thème en particulier, j’aborde chaque nouvelle œuvre sans aucun a priori, ce qui me laisse une grande marge de manœuvre pour la création.

Pour toi, la créativité c’est donc quelque chose d’instinctif ?

Oui, et puis c’est un état d’esprit qui ne se contrôle pas - il y a des moments où l’on est euphorique, tout fonctionne, on est sur un petit nuage, la vie est plus jolie ! Il y a d’autres moments, plus compliqués, où on a beau essayer, ça ne marche pas, on est à court d’idées et d’inspiration. C’est un enchaînement de phases ... et souvent lorsqu’une phase se termine, c’est que j’ai épuisé une façon de faire, j’arrive au bout d’un cycle. 

Quand je regarde mes œuvres passées, j’arrive à voir ces différentes phases : celle où je mettais peu d’éléments, celle où je mettais des fleurs, et maintenant celle où je mets de plus en plus de formes géométriques.

Les commandes qu’on me passe peuvent être utiles pour stimuler la créativité. On doit réaliser une œuvre à partir de contraintes qui te sont données, ça oblige à réfléchir différemment, d’explorer de nouvelles façons de faire qu’on pourra réutiliser par la suite.

Avant, quand je bloquais, que l’inspiration ne venait pas, je m’entêtais à chercher mais ça ne servait à rien, je n’y arrivais pas. Maintenant, je pars faire autre chose. Je me vide l’esprit en attendant que ça revienne. Et quelle satisfaction quand ça revient enfin !

Tu as une ambition particulière lorsque tu composes un collage ?

Quand je crée des collages, j’essaie de raconter une histoire, le plus simplement possible. C’est pour cela que j’intègre peu d’éléments à mes créations, qu’il y a souvent un personnage central avec des éléments graphiques simples qui gravitent autour. J’espère en faisant cela obtenir quelque chose d’élégant par sa simplicité ... mais il est souvent difficile d’atteindre la simplicité !

Retrouvez Da.Collages sur les réseaux et allez consulter son site internet !