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Le "Yarn Bombing", au fil des histoires

Imaginez un lampadaire terne soudainement habillé d'un tricot rose vif, ou une banale boîte aux lettres transformée en un adorable pingouin grâce à un crochet habile. Ce n'est pas un rêve, c'est du Yarn Bombing, un art urbain unique qui utilise du fil coloré et de la fibre à la place de la peinture ou de la craie. Loin de l'image du vandale avec sa bombe de peinture, le Yarn Bombing (aussi appelé tricot urbain ou crochet urbain) apporte une touche de fantaisie et de gaieté à nos villes.



Le tricot prend vie dans la rue

Le Yarn Bombing consiste à tricoter, crocheter ou tisser du fil pour créer des installations colorées dans les espaces publics. On peut utiliser différentes techniques, comme le tricot en rond (loopy knitting) ou des pompons pour ajouter de la texture. Le plus souvent, le Yarn Bombing est fait sans autorisation. On parle alors de  “guerilla knitting" pour désigner cette pratique qui consiste à surprendre les passants en recouvrant des éléments du mobilier urbain de créations en fil.


Une histoire de tricot

Magda Sayeg, souvent considérée comme la pionnière du yarn bombing moderne et du “guerilla knitting”, a commencé à recouvrir des objets du quotidien avec ses tricots au début des années 2000 à Houston, au Texas. Parmi ses premières réalisations, on trouve des poignées de porte, des poteaux de lampadaires et même des parties de voitures. Sa démarche artistique a rapidement attiré l'attention et a inspiré d'autres artistes à travers le monde.

Magda Sayeg


Au fil des années, le yarn bombing est passé de petites interventions artistiques à des projets d'envergure, embellissant des quartiers entiers et devenant un phénomène culturel mondial. Parmi les projets phares de ce mouvement, citons The Big Rainbow Knit, réalisé en Nouvelle Zélande en 2021, pour parer le fronton d’une gare d’un patchwork coloré.

Le yarn bombing rassemble des communautés soudées, d’abord constituées autour de l’amour du tricot, puis de l’intervention dans l’espace public. Les projets de yarn bombing sont donc souvent l’œuvre de collectifs ou d’associations, comme le mentionnent ces trois exemples (cité ici)

  • La pratique du yarn bombing est apparue en France en 2012, dans la ville d'Angers. Les habitants avaient été invités à tricoter pour cette action de yarn bombing dans la ville dans le cadre du festival d'art urbain Artaq (mai 2012). C'est d'ailleurs lors de cet événement que Magda Sayeg, pionnière de l'art du tricot urbain, a recouvert de laine le pont Confluences.

  • Dans la ville de Lille, en octobre 2013, dans le cadre du Salon ID Creatives, un ensemble de bénévoles lillois de l’association Recyclage Textile 240, a relevé le joli défi de rhabiller de tricot le mobilier urbain autour de Lille Grand Palais.

  • En avril 2018, les équipes et les patients de l’hôpital de soins de suite et de réadaptation Sainte-Marthe à Epernay dans la Marne ont initié un projet de tricot urbain. Des ateliers de tricot étaient organisés une fois par semaine au sein de l’hôpital. L’objectif était de créer une œuvre collective destinée à habiller deux arbres et un banc du jardin de l'établissement.


Un monde haut en couleurs

Le Yarn Bombing offre une véritable liberté artistique, permettant aux créateurs d'explorer une multitude de styles et de techniques pour transformer des objets urbains ordinaires en œuvres d'art vivantes et colorées. Les possibilités sont infinies : des installations peuvent être totalement enveloppées de tricot, ce qui crée une sensation de douceur et de chaleur contrastant avec le paysage urbain souvent froid et rigide. Des rayures audacieuses, des motifs complexes ou des compositions abstraites peuvent être utilisés pour ajouter de la dynamique et de la profondeur visuelle à l'environnement.

Les artistes du yarn bombing ne se limitent pas à la simple décoration, ils intègrent souvent des éléments ludiques et narratifs dans leurs créations. Par exemple, en transformant une bouche d'incendie jaune vif en un Minion géant, ils ajoutent une touche d'humour et de fantaisie à l'espace urbain, invitant les passants à sourire et à interagir avec l'œuvre. De même, un arrêt de bus banal peut être métamorphosé en un refuge douillet, offrant une expérience visuelle et tactile unique aux usagers des transports en commun, tout en transmettant un message de confort et de convivialité.


Des limites à la pratique

Cependant, il existe des préoccupations quant aux éventuels dommages causés aux biens publics ou à l’environnement. Ces installations en tricot ont l’avantage d’être relativement fragiles et de pouvoir être retirées facilement si besoin. En revanche, ces structures peuvent aussi se dégrader avec le temps et donner un aspect négligé et sale à l’emplacement. Des fils qui trainent, des couleurs ternies et différentes matières qui s’accrochent ne sont que quelques exemples de dégradations dues au temps que subissent les tricots urbains.

Comme le signale la page Wikipedia dédiée au sujet, le yarn bombing a notamment été critiqué en raison de l'impact environnemental négatif que le fil peut avoir lorsqu'il est placé sur du végétal. Le fil peut limiter la production de sève des arbres et freiner leur croissance.

L'artiste de rue Olek (Agata Oleksiak) est intervenu sur des icônes de la ville de New York telles que le taureau de Wall Street et le Cube de la place Astor. Une de ces installations a fait l’objet de déboires juridiques : apposée de façon non autorisée dans un musée sous-marin, elle aurait endommagé la vie marine, la cause même qu'ils tentaient de sensibiliser.

Olek


Heureusement, il existe des solutions pour pratiquer le yarn bombing de manière responsable et respectueuse de l'environnement et des réglementations locales. L'utilisation de fil biodégradable peut aider à minimiser l'impact sur l'environnement, tandis que l'obtention d'autorisations préalables pour les installations à grande échelle garantit la conformité avec les règles en vigueur. En prenant ces précautions, les artistes de yarn bombing peuvent continuer à embellir les espaces urbains tout en préservant l'intégrité des structures et en respectant les normes communautaires.


Rejoignez la vague du Yarn Bombing !

Envie de vous lancer ?  Internet regorge de communautés dynamiques de Yarn Bombing.  Des blogs, tutoriels et patrons gratuits sont à votre disposition pour apprendre les bases du tricot ou du crochet. N'hésitez pas à rejoindre des groupes locaux et à laisser libre cours à votre créativité.  Commencez par quelque chose de petit dans votre quartier, et vous ferez peut-être sourire vos voisins tout en participant à un mouvement artistique mondial qui redonne vie à nos villes, un fil à la fois.



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