Discussion avec l'artiste Sax : nous avons parlé de son parcours, de la biodiversité et du rapport au public.
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(c) Henry Blache
Comment en es-tu arrivé à la peinture ?
J’ai commencé par du graphisme à l’école Estienne à Paris, où je ne suis resté qu’un an. Puis j’ai fait du cinéma, derrière la caméra, mais c’est un peu long pour intégrer le milieu et je voulais quelque chose de plus réactif donc je me suis tourné vers la peinture pour en faire mon métier.
Peindre a toujours fait partie de mes loisirs. Si je n’avais pas pu en faire un métier, soit j’aurais fait quelque chose de complètement différent - mais alors ça aurait été purement alimentaire - ou bien quelque chose dans le milieu artistique. C’est vraiment ça qui me plait.
Comment tu es passé d’une pratique amateure à professionnelle ?
J’ai d’abord montré mes œuvres dans des bars et des restaurants qui voulaient bien m’exposer. En parlant avec le public et en confrontant les avis j’ai peaufiné le trait, j’ai amélioré mon style. En plus de cela, j’ai suivi une licence en Arts Plastiques pour en apprendre plus sur l’histoire de l’art et pour avoir les avis de professeurs.
Petit à petit, en me faisant connaître j’ai pu passer peintre à plein temps. Pour moi c’est un peu inespéré d'arriver à en vivre aujourd’hui !
Tu ne peins que des animaux très colorés, d’où te vient ce style ?
Il a fallu du temps, si tu regardes les photos que j’ai postées sur mes réseaux, tu vas voir les évolutions. Je suis passé par plusieurs phases. Petit je dessinais les insectes de chez moi, vers Montélimar ; j’ai ensuite peint des créatures anthropomorphiques, des portraits ornés de coraux peints et j’en suis arrivé à mon style actuel.
Derrière chaque étape, il y avait cette volonté d’alerter sur l’écologie. Avec les portraits en corail, l’idée était de mélanger l’humain au corail, comme si les eaux avaient monté et qu’elles nous submergeaient : il fallait que je montre le côté beau et terrible à la fois.
Ce n’est que depuis l’année dernière -2019- que je me concentre vraiment sur les animaux. Ce sont les singes qui plaisent le plus au public, à croire qu’on se retrouve en eux ...
Cependant, plus que le style, c’est surtout la démarche qu’il a fallu construire. J’ai toujours été très sensible à la cause animale et j’ai voulu promouvoir cette cause. Par mes œuvres, je vise à faire prendre conscience de la situation au public : les animaux n’ont pas besoin de nous, mais nous avons besoin d’eux. Il y a plein d’espèces en voie de disparition et il faut absolument préserver cela.
Tu as donc une volonté de faire passer un message, qui ne se résume pas à une approche esthétique.
Oui, avec les couleurs, les mots que j’intègre dans la peinture, je veux mettre en avant ces espèces en voie de disparition. L’année dernière, j’ai collé un animal par semaine pour attirer l’attention sur elles. On peut dire qu’il y a un message écologique derrière : faisons attention à ce qu’on a car c’est beau, c’est important.
Qu’est ce qui compte le plus pour toi dans ton travail ? La composition ou l’exécution ?
L’exécution, c’est là où je me fais le plus plaisir.
Cependant, sans composition, l’exécution est souvent ratée. Il faut être très précis sur cette étape, avoir une structure. Lors de l’exécution, cela permet de s’échapper de cette structure tout en sachant où je vais.
Quant à savoir à quel moment l'œuvre est terminée, ce n’est pas évident à dire, mais il faut que cela me fasse quelque chose. Je ne suis pas dans la finesse et l’exactitude du dessin, mais j’essaie de me rapprocher le plus possible de ce que je vois.
Quel est ton rapport au public ?
Dans ma démarche, il y a besoin d’un contact avec le public, puisque je porte un message spécifique.
Pour autant je ne vais pas chercher à faire tout ce que veut le public, il faut avant tout que ça me plaise à moi. Je demande parfois l’avis de mes proches avant de présenter une œuvre car j’ai quand même besoin de ce regard extérieur.
Tu te sens appartenir à un mouvement artistique ?
Oui quand même, à partir du moment où tu colles dans la rue de façon régulière, tu peux être considéré comme dans le mouvement street art. Les spectateurs ont aussi un rôle à jouer, puisque ce sont eux qui font vivre le street art.
Déjà pour moi, d’être considéré comme artiste c’est énorme, car je préfère le travail sur toile. Ce qui me plait, c’est le travail de la couleur, de la matière. Or, dans la rue, ce travail est moins abouti que sur toile.
Si je vais dans la rue, c’est pour partager mon travail, je le vois plus comme un complément à mon travail en général.
Quelle est pour toi la place des réseaux sociaux dans ton travail ?
Je ne les prends pas en compte directement dans mon travail, ils n’entrent pas dans la façon dont je conçois les œuvres. Dans le street art, la photo est tout de même importante, donc la façon de restituer l'œuvre, et donc la photo, doit être soignée.
Tu as des projets pour les mois à venir ?
Oui, des expositions sont prévues pour l’année prochaine !
(c) Henry Blache
Sax à la loupe :
L’artiste vivant qui t’inspire le plus ?
Takashi Murakami, pour le contraste qu’il développe entre le côté sombre, sa critique de la société, et le côté kawaii, je trouve ça très réussi.
Ça n’a pas grand chose à voir avec mon travail mais ça me fait quelque chose à chaque fois.
L'œuvre dont tu es le plus fier ?
C’est l’éléphant que j’ai fait pour mon exposition à Montmartre, c’est une synthèse de tout ce que j’avais en tête.
(c) Henry Blache
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