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Omarker

Partons à la rencontre d’un de mes artistes coups de cœur de l’anné, découvert à Lyon, Julien “Omarker”.

Au milieu d’une scène lyonnaise de grande qualité, Omarker fait partie de ces artistes polyvalents, qui se consacre aussi bien à l’art urbain qu’au tatouage. Il se démarque par un travail de la matière, de l’abstrait, le tout basé sur son expérience et son goût de la typographie. Ce qui m’a d’abord interpellé dans son travail, c’est la construction des œuvres, savamment déstructurées pour former un tout cohérent. Mêlant abstraction et typographie, on y retrouve des indices de son parcours.

Il y a 15 ans, Omarker baigne dans la culture hip-hop et plus particulièrement sa musique, le scratch, le DJing, ... mais c’est le graffiti qui attire son attention. Le travail de la lettre, du lettrage l’intéresse autant que toute l’atmosphère autour de la création artistique : se retrouver entre potes, les sorties pour graffer le dimanche dans une usine désaffectée. Il devient vite un passionné. Les années passant, il étudie le design graphique et les problématiques d’identité visuelle. “Ce qui m’intéressait, c’était de voir comment intégrer dans une identité graphique la typographie que je connaissais par le graffiti.


Un problème se présente cependant : les commandes et les briefs clients sont une contrainte à sa créativité et l’empêchent de développer son style dans les créations qu’il propose, “cela m'éloignait de mon style alors que je voulais surtout pouvoir transposer mon univers dans ce que je produisais”. C’est alors que nait réellement le projet “Omarker”. L’artiste quitte son job de designer graphique pour se consacrer complètement à son travail.

Ses inspirations, c’est le graphisme suisse et son esthétisme fonctionnel, structuré et immédiatement compréhensible. C’est le noir et blanc au début, pour son côté épuré. Et c’est aussi l’accident, l’inattendu, dévoilé par des textures, des formes, des coulures. Tous ses éléments vont permettre le démarrage du projet Omarker. 


Puis en 2020, l’artiste se lance dans le tatouage, où il peut exploiter son univers noir et blanc et explorer les traits, les aplats de noir et les vides, l’absence de couleur sur la peau. C’est cette expérience qui paradoxalement lui ouvre la voie de la couleur dans sa peinture, pour exprimer de nouvelles choses. “Avec la couleur, je peux expérimenter de nouvelles choses comme  des jeux de texture et des contrastes (entre couleurs chaudes et froides par exemple)”.

Omarker se caractérise aussi par son travail de direction artistique, une activité qui lui plaisait beaucoup alors qu’il travaillait en agence de graphisme. “Réfléchir à un concept fait partie intégrante de mon travail lorsque je travaille sur une exposition. Par exemple, j’ai appelé ma première exposition “Starting Block”, non seulement parce que je démarrais, mais aussi parce que le block évoque le support sur lequel s’accumulent les strates de peinture. L’exposition suivante, je l’ai nommée “Ego-rythme”, parce que le propre du graffiti, c’est de faire sa promotion, de se faire connaitre, donc il y a beaucoup d’ego là-dedans. Et puis le rythme, c’est celui des ensembles que je crée, mais aussi celui qui est dicté par les algorithmes” ... plusieurs niveaux de lecture pour le spectateur.


Omarker décrit son travail actuel comme le fruit d’une lente évolution et de ses différentes expériences. “Le graffiti vandale, c’est fini, aujourd’hui je ne suis pas un graffeur, mais c’est au public de définir ce que je fais. J’en suis venu à une abstraction typographique, on ne voit plus que des morceaux de lettres, les lettres dans mon style, que je dispose sur une grille composée de rectangles de différentes tailles. À partir de là, je travaille le cadre, le hors champ, c’est une disposition que je viens destructurer avec des éléments organiques”.


Son process de création est également le fruit de ses expériences, notamment dans le graphisme. Après avoir tracé une grille composée de différents rectangles, il compose ses lettres en jouant avec la profondeur du champ donné par les cases, si bien que les lettres se devinent grâce aux éléments qui sont laissés visibles. Certains carrés contiennent des fragments de lettres, d’autres des éléments organiques, des formes géométriques ou des jeux de matière, élaborés par exemple avec la bombe araignée qui donne un effet texturé au tracé.

“Ce que je recherche, c’est l’accident dans mes œuvres. J’utilise beaucoup d’outils différents pour les créer, des marqueurs, des craies grasses, ... j’aime que les matières se rencontrent, pour créer une dynamique, casser la rigidité.”

Son travail bien particulier l’a également amené à fabriquer ses propres supports, souvent en bois pour mieux accueillir et valoriser ses créations. “J’ai besoin d’un support plus rigide que la toile, car je viens racler, projeter, je ne ménage pas mon support”. Quant à savoir s’il préfère le travail sur petit format ou la fresque, pas de préférence ! “Tout est une question d’échelle, c’est bien de varier sinon je m’ennuie ... comme je m’ennuierais si je me limitais à une seule discipline ! J’aime changer de support, de format, explorer de nouvelles choses.


Cette démarche artistique, basée sur l’esthétique de l’accidentel, amène à s’interroger sur deux points : comment peut-on dire que l’on a fini une pièce, et peut-on être toujours satisfait de son travail ? “C’est une question de feeling, si je sens que j’ai utilisé assez de matériaux, que le support est assez rempli ... en ayant une idée en tête avant de commencer, c’est plus simple que quand je me lance sans savoir où la dynamique va me mener ! (...) Accepter l’accident, ça s’apprend.”

On a hâte de voir ce que Julien réserve pour 2024 !


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